
Le temps de l’Avent? Il est bon de se rappeler brièvement l’origine de ce temps liturgique pour mieux en saisir le sens. Aux premiers siècles de l’Église, en Espagne et en Gaule, l’année liturgique commençait à peine une semaine avant Noël. On se préparait à la venue du Christ comme juge en lisant les évangiles qui évoquent la fin du monde. C’était une période marquée par le jeûne et la pénitence. Par contre, à Rome, on se préparait plutôt à célébrer la naissance de Jésus à Bethléem.
De la parousie à l’Avent : Jésus parle souvent de sa « venue ». Du grec parousia, ce mot veut dire à la fois venue, visite, manifestation. Il signifiait la visite solennelle d’un personnage important, empereur ou consul. C’était un grand événement, avec érection de monuments, création de nouvelles routes, fêtes, dons, libération de prisonniers. Les auteurs du Nouveau Testament utilisèrent ce mot pour désigner la visite ou la venue du roi par excellence, le Christ ressuscité. Après une longue lutte contre les forces du Mal, le Christ ressuscité apparaîtra en vainqueur, venant du ciel pour unir les croyants à son règne de gloire. Le terme parousia fut traduit en latin par Adventus, ce qui a donné Advent en anglais et Avent en français.
L’avenir à recevoir : La résurrection du Christ marque l’irruption de l’avenir donné par Dieu dans notre monde encore marqué par la mort et le mal. En Jésus ressuscité, la force de vie de Dieu s’est emparée de la chair humaine, dans toute sa fragilité. Cette chair que le Christ a prise en naissant à Bethléem est maintenant, dans sa personne, transfigurée, renouvelée, éternisée! Mais il reste le long travail de la transformation de toute la création en cette vie divine. C’est un long enfantement, un long passage de la mort à la vie, de l’égoïsme à l’amour, de la haine et de la méfiance à la paix. Nous, chrétiens du vingt-et-unième siècle, nous nous situons dans ce temps de transformation. Le temps de l’Avent nous rappelle que le Christ a bien pris notre chair, jusqu’à connaître la mort. Mais en lui, Dieu a commencé une humanité nouvelle et il poursuit son œuvre jusqu’à son accomplissement qui sera manifesté par la venue glorieuse du Christ. À chacune de nos eucharisties, nous communions à ces trois moments de notre histoire, en chantant : Nous proclamons ta mort Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue (ta parousie) dans la gloire.
Georges Madore